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Toutes les images ont été faites sur le caveau familial au cimetière du Père Lachaise pendant les journées, puis semaines, qui ont suivies l'enterrement de ma mère.

" L’étymologie du mot nagori se rapporte à nami-nokori, reste des vagues, qui désigne l’empreinte laissée par les vagues après qu’elles se soient retirées de la plage. Cela comprend à la fois la trace des vagues, les sillons immatériels dessinés par les vagues sur le sable, et les algues, coquillages, morceaux de bois et galets abandonnés sur leur passage."

Nagori, Ryoko Sekiguchi

En espace
2021
  • « les morves d’azur », exposition personnelle, Progress Gallery, Paris
    les morves d’azur Progress Gallery, Paris, 2021

    Texte de Marion Delage de Luget – Collaborations avec Tristan Calvignac et Clara Gorse – Avec le soutien du Cnap 

    Rebekka Deubner est à sa manière une diariste. Sa pratique s’inscrit dans la continuité de ce pan de l’histoire de la photographie qui, depuis le début des années 1980, revendique une approche associant le banal, le micro-événement – ce presque rien à la base de nos existences –, et l’écriture de soi. Elle nous livre des photographies s’en tenant au plus près de son vécu, groupements d’images généralement conçues, présentées sous forme sérielle, laquelle laisse poindre entre elles le sentiment d’un continuum temporel et narratif. Des clichés qui font séquence. Récit-en-images d’ailleurs fréquemment compilés en publications et qui, selon les éditions ou les expositions, se trouvent encore parfois complétés par des objets – matière collectée évoquant paysages et espaces domestiques –, mais aussi par du texte ou un accompagnement sonore convoquant le cinématographique. Bien qu’innervée par la manifestation des formes plastiques et des thèmes de l’intime, l’Œuvre ne se cantonne pas strictement aux attendus de la photobiographie. Car si le territoire photographique de Rebekka Deubner coïncide avec son univers immédiat, elle s’attache pourtant à repousser l’horizon sémantique de son histoire personnelle vers une exploration plus large des notions d’intimité et de subjectivité.

    Ici, le récit introspectif qui sous-tend la mise en œuvre ne s’impose pas comme grille de lecture péremptoire. Il cède au contraire volontiers le pas à des topiques élémentaires. Le travail procède d’ensembles décidés par affinités de motifs génériques : la lune dans ses différentes phases, l’eau, le feu, les cavités naturelles ou encore les fleurs… ; et l’événement autobiographique inaugural de la prise de vue se trouve assourdi, comme disséminé dans la récurrence des signifiants.

    La pratique de désublimation de l’image que Rebekka Deubner met en œuvre traduit en définitive une urgence, celle de la conservation des souvenirs. Et ce, quitte à ce que la photographie affiche quelquefois la qualité d’une image vernaculaire, littéralement saisie au vol – comme ce cliché trop sombre au grain piqué de la porte du caveau familial (ce n’est pas la porte, c’est vraiment l’intérieur de la tombe familiale), révélée sous le morne bleuissement d’un flash. Cette photo dont la visée oblique laisse imperceptiblement percevoir la violence d’avoir à garder, dans ce contexte, l’œil derrière l’objectif.

    Rebekka Deubner sait délaisser la technique et le sens au profit de l’indicible. Il y a dans son travail une profusion d’imageries qui explorent ainsi les limites du présentables en faisant état du transitoire et de la décomposition. Comme ces amas d’algues pris plein cadre, de nuit, venant joncher une plage au Japon à quelques kilomètres de Fukushima – leur cueillette a cessé par peur des radiations et le goémon s’amoncelle maintenant, se putréfie, grouillant des cloportes qui s’en régalent.

    Une série en particulier manifeste le processus entropique : celle de ces bouquets dont Rebekka Deubner consigne l’éclatante profusion puis la lente décrépitude, chacun de ses clichés accusant davantage la vanité, soulignant l’éphémère de l’instant photographique. Les fleurs sont celle d’une tombe, la tombe celle de sa mère. Floraison et dépérissement indexent la perte incommensurable. Sur certaines images, quelques tiges vertes surgissent des monceaux de compositions fanées. Ou bien le cadre, plus large, laisse s’immiscer en arrière-plan des frondaisons, un tronc robuste – la végétation vivace du cimetière. C’est à la fois Eros et Thanatos. L’écriture de Rebekka Deubner ne pétrifie pas les oppositions, elle cherche au contraire cet écart par lequel se dégager des dialectiques duelles et des valeurs statiques. Dans son travail la limite cède à la circularité pour ouvrir une voie hors des oppositions réglées, dans un mouvement infini où la mort, l’éparpillement de la forme ne fait qu’étape.

Parutions
2019
  • mon corps comme une plage, le rayon vert . éditions

    Les fleurs - Volupté multicolore et odorante, pétales soyeuses, stigmate protubérant, dense pollen, feuilles déployées, juteuses ou flétries; parcourues par une faune à leur échelle; elles ont habillé d’un monticule organique pendant trente jours le marbre à la forme stricte. Et s’y décomposant peu à peu, elles ont ainsi mimé la mutation du corps qu’elles sont venues honorer.
    Offrant le spectacle agréable, regardable et appréciable de l’éclosion, la splendeur, l’opulence elles nous font deviner le flétrissement et la putréfaction qui s’en suivront mais qui ici nous sont épargnés, seulement suggérés.
    La corruption altérera les couleurs et formes printanières afin de les fondre en une masse organique-informe, aux tonalités automnales, à l’odeur douceâtre, amas putride et fécond; rejetons prématurée d’un cycle précipité.
    Noyé dans ces compositions florales mon corps ondule. Au rythme des flux et des reflux. Plus nocturne que diurne, plus liquide que solide, sujette aux dé-croissances de la lune, provoquant ainsi des raz-de-marées internes.