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(projet en cours depuis le printemps 2023 et soutenu par la résidence Transat des Ateliers Médicis en 2024 et par la Bourse de l'Institut pour la Photographie de Lille en 2025-2026)

La terre amoureuse (se dit de la terre qui colle aux bottes) esquisse le panorama d’un espace rural contemporain et disparate à un moment charnière de son évolution. Les Deux-Sèvres sont depuis des années le théâtre d’une lutte autour de l’eau et de son partage. Elle se cristallise aujourd’hui autour de la mise en place de « retenues d’eau » pour les un.e.s et des « mégabassines » pour les autres et a connu son point d’orgue en mars 2023 avec Sainte-Soline II. Celles-ci incarnent, au delà de ce territoire, des futurs opposés : d’un côté l’exploitation, de l’autre la cohabitation, dans le rapport au vivant, à la terre et à l’agriculture.

Je m’intéresse au hors champs de la lutte visible pour tenter de saisir ce qui y mène de manière larvée. Je me laisse pénétrer par ce territoire et ses écosystèmes, tant par la déambulation solitaire que par la rencontre de personnes qui y ont un rapport intime. À travers les saisons, j'en dresse un panorama tressé de gestes et d’espaces qui sont en interrelation. Il s’agit de montrer dans un même élan le paysage et les mains qui le modèlent. « Qu’éprouve celui qui possède un territoire ? La question que pose l’écologiste Neil Evernden n’a rien à voir avec un quelconque sentimentalisme mais avec la manière dont notre territoire s’inscrit en nous et dont nous nous inscrivons en lui. Cette possession, c’est celle d’une assimilation et d’une projection, d’un brouillage des limites.» (Invasives, C. Curiol) 

J'apprends à y lire l’espace au travers des conversations avec les habitant·e·s. Ils et elles m'apprennent qu’il est loin d’être silencieux, que chaque composante, forme d’eau, parcelle, animal, lui parle de l’état du territoire, de la manière dont il est habité, travaillé ou exploité par la main ou par la machine.